Renforcer la résilience agricole dans le Diocèse d’Antsirabe grâce à l’agroécologie

Dans un contexte marqué par les défis croissants liés au changement climatique et à la pauvreté rurale, le Diocèse d’Antsirabe, Région Vakinankaratra, bénéficie d’une initiative porteuse d’espoir : le projet APTES (Agroécologie, Pilier d’une Transition Écologique et Sociale). Porté par la Caritas Antsirabe et soutenu par Entraide et Fraternité de Belgique, ce projet vise à transformer les pratiques agricoles locales tout en renforçant la résilience des communautés rurales.

La région Vakinankaratra est majoritairement rurale, avec environ 80 % de sa population vivant en zone rurale qui dépend de l’agriculture comme principale source de subsistance et de revenus. Les paysans font face à des contraintes multiples dont l’accès limité à l’eau. À travers le projet APTES, les communautés locales sont encouragées à adopter des pratiques agricoles durables basées sur l’agroécologie. Cette démarche vise à promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement tout en augmentant les rendements et les revenus des agriculteurs. L’agroécologie, au cœur de cette initiative, combine des savoirs traditionnels et des innovations techniques modernes pour réduire l’usage d’intrants chimiques et protéger les ressources naturelles locales.

Photo : Barrage hydroagricole d'Anosimboahangy (© 2024 / Caritas Antsirabe / Sammy Rabenirainy)

Parmi les réalisations phares du projet de cette année, la construction de deux barrages hydroagricoles dans les communes d’Anosimboahangy et d’Antsoso constitue une avancée majeure. Ces infrastructures, réalisées avec l’implication active des communautés locales, permettent de répondre à l’un des principaux défis des agriculteurs : l’accès à l’eau pour l’irrigation. Ces barrages ne se contentent pas de collecter l’eau : ils transforment les pratiques agricoles locales. Désormais, plus de 190 agriculteurs peuvent irriguer leurs terres de manière continue, même pendant la saison sèche. Avec plus de 200 hectares de terres irriguées, cela ouvre la voie à une double saison culturale et à la diversification des cultures, des éléments clés pour améliorer la sécurité alimentaire et générer des revenus stables.

Selon Rakotomalala, 60 ans, agriculteur à Antsoso : « Depuis l’installation du barrage, notre vie a changé. La communauté est devenue prospère. Avant, il n’y avait ici qu’une seule culture avec une récolte par an. Aujourd’hui, je cultive aussi du riz, du maïs et des haricots. Nous faisons trois récoltes par an, et grâce à la pisciculture qui fonctionne bien, notre production a augmenté, et la communauté est plus solidaire qu’auparavant. Quand je vends mes poissons au marché, je réalise enfin des bénéfices. »

Photo : Rakotomalala, 60 ans, agriculteur de la Communauté Ecclésiale de Base à Antsoso. (© 2024 / Caritas Antsirabe / Sammy Rabenirainy)

Un des aspects les plus marquants de la construction de ces deux barrages est l’implication active des communautés locales dans chaque étape du projet. Les habitants ont apporté des matériaux tels que le sable et les pierres, et ont contribué à la main-d’œuvre nécessaire. Cette approche participative garantit une appropriation collective des infrastructures tout en renforçant la solidarité et les liens sociaux entre agriculteurs.

La Caritas Antsirabe a mis en place des mécanismes pour assurer une gestion durable des barrages. Des Associations des Usagers de l’Eau (AUE) ont été formées pour encadrer l’utilisation des infrastructures et répartir équitablement les ressources entre les membres. Ces associations jouent également un rôle crucial dans l’entretien des barrages et la prévention des conflits liés à l’eau. La durabilité des actions menées repose aussi sur l’accompagnement des agriculteurs et des organisations paysannes. La Caritas Antsirabe a offert une formation continue sur : les techniques agroécologiques, incluant l’utilisation de compost et d’engrais organiques, pour améliorer la fertilité des sols tout en réduisant les coûts ; la diversification des cultures, pour réduire les risques liés aux aléas climatiques et renforcer la sécurité alimentaire ; la gestion raisonnée des ressources en eau, en maximisant l’efficacité de l’irrigation.

En parallèle, les organisations paysannes bénéficient de sessions de formation et à un accompagnement personnalisé, ces organisations deviennent de véritables acteurs du changement, capables de plaider pour leur cause, favorables à l’agroécologie et à la résilience des petits agriculteurs.

Les résultats obtenus à ce jour témoignent de l’efficacité du projet. Au-delà des améliorations agricoles, les familles rurales constatent une hausse de leurs revenus et une amélioration de leurs conditions de vie. Aussi, le projet favorise l’autonomisation des femmes, qui jouent un rôle clé dans les exploitations agricoles. À travers des formations spécifiques et leur participation active, elles renforcent leur pouvoir économique et leur place au sein de leurs communautés. Comme à Anosimboahangy, les familles qui dépendaient autrefois uniquement de la culture du riz diversifient désormais leurs productions avec des légumes, des fruits et des cultures de rente comme le gingembre ou le curcuma, répondant ainsi à la demande croissante des marchés locaux.

Photo : Rencontre avec les autorités locales et les paysans de la Communauté Ecclésiale de Base à Antsoso. (© 2024 / Caritas Antsirabe / Sammy Rabenirainy)
Photo : Rencontre entre les partenaires et les paysans bénéficiaires à Anosimboahangy. (© 2024 / Caritas Antsirabe / Sammy Rabenirainy)

La Caritas Antsirabe souhaite incarner une démarche intégrée qui va bien au-delà de la simple amélioration des pratiques agricoles. Il s’agit d’un véritable levier de transformation sociale, économique et écologique, car ces mêmes agriculteurs fournissent également, de manière équitable, les matières premières au projet Voary, une initiative d’économie sociale et solidaire. Cette démarche soutient les agriculteurs tout en garantissant des revenus justes et une reconnaissance de leur savoir-faire. Elle trace ainsi une voie vers un avenir plus résilient et équitable pour les communautés rurales du Diocèse d’Antsirabe, tout en répondant aux besoins alimentaires des populations.

Avec des résultats concrets et une vision à long terme, la Caritas Antsirabe illustre comment une approche inclusive et durable peut relever les défis les plus urgents tout en ouvrant la voie à des opportunités nouvelles pour les générations futures.

Grâce à des résultats concrets et une vision orientée vers l’avenir, la Caritas Antsirabe démontre qu’une approche inclusive et durable peut non seulement relever les défis les plus urgents, mais aussi créer de nouvelles opportunités porteuses d’espoir pour les générations à venir.

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